lundi 7 novembre 2011

Source d'ennui (La source des femmes)


-          Le film de la semaine était, une fois de plus, en compétition au dernier festival de Cannes. Mais « La source des femmes », bien que coproduit par la France et réalisé par Radu Mihaileanu, représentait le Maroc. C’est peut-être bien la seule raison expliquant comment un film aussi léger a pu se retrouver en sélection officielle à Cannes.
-          Tu vas te faire des ennemis en reniant « la légèreté ». Te prends-tu pour DSK ?
-          Très drôle. Mais je maintiens. Dans ses précédents films (« Va, vis et deviens » en 2005, « Le Concert » en 2009), Radu Mihaileanu était toujours au bord de la mièvrerie. Il y cède ici. « La source des femmes » est présentée comme un conte, narrant le combat des femmes pour l’adduction d’eau au village. Celles-ci sont en effet obligées de parcourir un dur chemin pour aller chercher de l’eau. Elles décident, pour faire plier les hommes, de faire la grève de l’amour.
-          Nous ne critiquons pas la justesse de la cause défendue par le film. Mais une grande cause ne fait pas un grand film. Le film veut se veut porteur d’un message, mais sa manière de le faire entendre aux spectateurs semble tout sauf recherchée. Même en gardant en tête l’introduction présentant le film comme un conte, on ne peut que regretter que les intentions du réalisateur ne soient aucunement voilées. Tout est désespérément littéral sauf lorsqu’il s’agit d’évoquer le sexe. Et ce rare second degré est si grossier qu’il est risible, comme ces passages où l’entomologiste lit en voix-off son article sur la pugnacité des êtres vivants de l’infiniment petit.
-          Les scènes les plus réussies sont justement celles où, enfin, la mise en scène apporte de la profondeur : les passages dansés en particulier, et en premier lieu la scène où les femmes du village dansent en chantant leurs revendications à des touristes qui ne comprennent pas l’arabe et croient n’assister qu’à un spectacle traditionnel.
-          Pour faire changer les mentalités, but évident du film appelé à être diffusé dans tout le monde arabe, le réalisateur ne sait pas se faire subtil. Le spectateur ne peut pas accepter de se faire manipuler s’il s’aperçoit qu’on l’y contraint, ni entendre un message asséné avec autant d’obstination. C’est toute l’erreur de « La source des femmes », qui en ne cachant pas ses efforts pour éduquer ses spectateurs apparait comme désespérément naïf.
-          Mis à part cette erreur, la projection du film reste un moment agréable, mais sans plus. La photographie est vraiment très belle, les acteurs sont convaincus, et le scénario regorge de scènes faisant sourire, voire rire (mais c’est plus rare).
-          Mais on a beau chercher, il n’y a toujours rien qui vienne justifier la présence de Radu Mihaileanu en sélection officielle !
-          Je crois que la seule explication vient du printemps arabe ; le festival de Cannes n’a pas pu se résoudre à faire l’impasse sur cette actualité et le seul candidat envoyé à temps devait être le film de Mihaileanu.

On retiendra...
La photographie, le casting et son interprétation.

On oubliera…
L’absence de second degré, d’ambigüité, d’espace au spectateur où celui-ci ne se sent pas manipulé.

« La source des femmes » de Radu Mihaileanu, avec Leïla Bekhti, Hafsia Herzi, Biyouna,…

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