lundi 20 juin 2011

« Quelqu’un a disparu » (Simon Werner a disparu...)


Mars 1992, dans une petite ville de la région parisienne. Lors d’une soirée bien arrosée, des adolescents découvrent dans la forêt un corps apparemment sans vie, enfoui dans les broussailles.
-          Mais… où es-tu ?
-          J’ai disparu. Comme Simon.
-          Hé ! Tu m’as fait peur !... Où te croyais-tu, dans un film ?
-          C’est bien là tout le sujet de celui-ci, « Simon Werner a disparu… », où les personnages comme le spectateur se montent un film...  En compétition à Cannes dans la catégorie parallèle « Un certain regard », cette œuvre française a tout du chaînon manquant entre « Pulp Fiction » de Tarantino et « Elephant » de Gus Van Sant.
-          La comparaison est un peu audacieuse : le film est beaucoup plus léger à regarder qu’ « Elephant » ! Pourtant, il emprunte tout de même à ce dernier son décor et sa manière de filmer – l’action se passant en effet en grande partie dans un lycée. Il s’inspire aussi du montage déstructuré de « Pulp Fiction », ne se concentrant non pas sur la chronologie des événements mais plutôt sur les personnages principaux et l’histoire que chacun d’eux a vécue.
-          C’est sur le montage que repose toute la qualité du film, puisqu’il permet de bâtir un mystère à chaque détail de la journée vécue par le personnage suivi ; le suspense, permanent, nous tient en haleine dès les premières minutes.
-          Oui, enfin ne me dis pas non plus qu’il y avait encore un suspense de folie en regardant le générique… Mais tu as raison : suivre un seul lycéen à la fois n’apporte au spectateur qu’une vision parcellaire des événements, sur laquelle se greffent de plus les conversations et les rumeurs du lycée, ce qui nous met véritablement dans sa peau : on n’en sait pas plus que lui. Une fois le film plus avancé, et que l’on connaît l’ordre et l’enchaînement des événements, un autre suspense intervient puisqu’on pressent ce à quoi va être confronté le personnage. L’angoisse monte même plusieurs fois. Le film réussit ainsi à jouer sur les deux ressorts du suspense : le manque d’informations et, paradoxalement, le fait d’en savoir malgré tout plus que les personnages que l’on suit à l’écran !
-          Surtout que les mystères sont à chaque fois expliqués grâce au regard d’un des autres lycéens. Le réalisateur s’amuse donc à multiplier les pistes, faisant tour à tour du même geste anodin une preuve de culpabilité ou d’innocence. Les faits les plus banals sont souvent exagérés par les étudiants pour qui la question revient souvent : ont-ils un rapport avec la disparition de Simon ? Un comportement permettant de lutter contre l’ennui du quotidien fait ici sujet d’un film.
-          D’où le travail fait sur la mise en scène, qui sort les grands moyens pour les gestes les plus ordinaires ; de plus, la photographie est belle et recherchée, et la musique rock du groupe Sonic Youth accompagne le film de la meilleure manière possible.
-          Il ne manque plus qu’à raconter la fin du film, non ?
-          [Censuré]

On retiendra…
La construction du film et sa musique exceptionnelle.
On oubliera…
L’image de la jeunesse donnée par le film, souvent proche de la réalité mais aussi très caricaturale par bien des aspects.
A noter :
C’est le premier film du réalisateur, Fabrice Gobert ; on peut donc d’ores et déjà attendre le prochain avec impatience !

 « Simon Werner a disparu… » de Fabrice Gobert, avec Ana Girardot, Jules Pelissier…

Par Imer, Maroufle et Miltiade.

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