Depuis que
Disney s’est lancé dans l’adaptation en prises de vues réelles de ses dessins
animés à un rythme effréné, ce type d’adaptation semble être devenu une mode.
Le projet de refaire « Ghost in the shell » en prises de vues réelles
est pourtant plus vieux que ne le laisse penser cet hasard du calendrier qui le
fait sortir quasiment en même temps que le très laid « La belle et la bête ». Malgré leurs nombreuses différences, les deux projets ont
cependant un point commun : avoir été réalisés par deux faiseurs
hollywoodiens, puisque Rupert Sanders ne signe ici que son deuxième film après « Blanche-Neige
et le Chasseur » (2012).
Beau shell
S’il y a
bien un point sur lequel le film est remarquable, c’est sur sa direction
artistique. Tout est très beau. Le film donne à voir un futur extrêmement
crédible où la réalité augmentée s’est infiltrée partout (sauf où il n’y a pas
de richesse), et où l’artificiel est en passe de remplacer le naturel.
Artistiquement il n’y a rien de vraiment révolutionnaire, tant les emprunts à
« Blade runner » et Métal Hurlant en général sont criants, mais
visuellement le film se distingue par l’attention rare et bluffante portée aux
textures, dans cette société où le synthétique se mêle à la chair. Quant à la
photographie blanc-bleutée, elle est sublime.
Pauvre ghost
Il n’y a
malheureusement plus d’autres qualités à louer pour ce film : sorti du pur
domaine de l’image, « Ghost in the shell » n’a plus beaucoup
d’intérêt. L’intrigue est molle et très conventionnelle, cochant toutes les étapes de la fiction
« transhumaniste ». Tout ce qui faisait la beauté du film original de
Mamoru Oshii a été perdue dans la trop grande volonté de transparence du film « live ».
Ça commence ainsi très mal : les premières phrases prononcées dans le film
expliquent illico la signification de son beau titre… qui une fois expliqué
parait très bête.
Cette levée
de mystère inaugurale annonce la suite, tout aussi décevante : « Ghost
in the shell » version live s’acharne à dégonfler tout le vertige
métaphysique du dessin animé. A force de tout expliquer et de ne jamais surprendre,
par peur de sortir le spectateur de sa zone de confort (si typique des blockbusters),
le film est vidé de toute émotion. On aimerait que ces si belles images remuent
quelque chose en nous, mais il ne se passe rien de la première à la dernière
minute, si ce n’est un sentiment de regret grandissant.
Pour ne
rien arranger à ce déficit émotionnel, Scarlett Johansson joue son personnage
de cyborg comme un robot – elle s’interdit donc d’exprimer la moindre émotion.
A l’image du film tout entier, son interprétation est une belle mécanique
froide. Mieux vaut la revoir dans cet autre « Ghost in a
shell » : l’étrange et inquiétant « Under the skin ».
On retiendra…
La beauté et la force
visuelle.
On oubliera…
L’absence totale d’émotion et
de vertige métaphysique, l’ennui poli avec lequel se suit l’intrigue.
« Ghost in the shell » de Rupert
Sanders, avec Scarlett Johansson, Pilou Asbaek,…